Le Plan d’Action pour la Réussite en Enseignement Supérieur au Québec 2021-2026
Introduction
En 2021, le ministère de l’Enseignement supérieur du Québec a publié un « Plan d’Action pour la réussite en Enseignement supérieur », présentant les mesures qu’il préconise pour augmenter le taux de réussite étudiante du pays d’ici 2026. Ce Plan d’Action vient répondre aux problématiques d’une sous-représentation de certains groupes sociaux dans l’enseignement supérieur et d’un taux de réussite en deçà du reste du Canada ; cela, malgré une augmentation du nombre d’étudiants au sein des écoles collégiales et des universités.
Notons tout d’abord que le système d’enseignement québécois diffère du système français. Après un enseignement secondaire, qui s’apparente en France au collège, les Québécois débutent leur enseignement supérieur par deux années d’études collégiales (CEGEP). Puis, ils entrent à l’université pour réaliser un baccalauréat (équivalent licence) en trois années, suivi parfois d’un master et d’un doctorat.
1. La notion de réussite
Dans ce document, la réussite est définie comme : « L’acquisition et l’intégration par l’étudiant ou l’étudiante de connaissances et de compétences en lien avec une formation de haut niveau s’inscrivant dans son projet personnel et contribuant tout à la fois à son développement sur les plans professionnel, artistique, scientifique, culturel, civique et personnel » (CNE, 2010)
Ici la réussite n’est pas qu’académique, elle dépasse la simple obtention d’un diplôme pour s’inscrire dans les différentes sphères de la vie de l’étudiant. L’impact de la réussite étudiante est vu comme à la fois personnel et collectif : la réussite va contribuer à l’épanouissement personnel, professionnel et civique de l’individu, mais elle va également contribuer au développement économique, social et culturel du pays. Cette vision globale de la réussite en enseignement supérieur a permis de construire ce Plan d’Action autour de quatre axes d’intervention ciblant, chacun, une étape clé du parcours étudiant.
2. Premier axe : l’accessibilité à l’enseignement supérieur
L’objectif est de permettre à toute personne qui le désire d’entreprendre des études supérieures. Pour cela, les auteurs proposent que soient diffusées à l’ensemble de la population des ressources d’informations à la fois sur les formations et leurs débouchés, sur les programmes d’aide financière aux études, mais également sur l’orientation et l’information scolaire. Également, ils préconisent d’accroître l’accès aux services d’orientation et soutenir des initiatives qui présentent aux étudiants des modèles signifiants (c’est-à-dire, des individus qui ont réussi scolairement). Le but étant que l’étudiant puisse construire son plan de formation dès le secondaire. Enfin, ils vont étudier les facteurs géographiques et socioéconomiques qui pourraient freiner l’individu à entreprendre des études, afin de proposer des orientations susceptibles de réduire ces freins.
3. Deuxième axe : les transitions interordres et intercycles
Cet axe traite des passages du secondaire à l’enseignement collégial puis à l’université, mais aussi des passages entre les différents cycles universitaires (baccalauréat, master, doctorat). L’objectif est de faciliter l’adaptation et l’intégration des étudiants dans leur nouvel environnement. Pour cela, le rapport préconise d’intégrer, dès le premier trimestre des études collégiales, des compétences numériques, informationnelles, méthodologiques et transversales qui fondent le métier d’étudiant. Le mentorat, c’est-à-dire lier les étudiants de première année à des étudiants plus âgés, est aussi encouragé pour faciliter leur intégration. Enfin, il souligne l’importance de construire un continuum de formation entre les différents ordres et les différents cycles, par l’instauration de collaborations interordres et intercycles pour le partage de bonnes pratiques.
Regard de l’Open Lab :
Cet axe prend en compte l’idée que le « métier d’étudiant » (pour reprendre l’expression du sociologue français Alain Coulon, 2005) n’est pas un processus continu et défini une fois pour toutes mais demande des adaptations et des réajustements tout au long du parcours de l’étudiant et plus particulièrement lors des transitions interordres et intercycles.
4. Troisième axe : les initiatives répondant aux besoins diversifiés de la communauté étudiante pour permettre à tous de persévérer et de réussir dans leurs études
Le ministère a fait le constat qu’aujourd’hui, la communauté́ étudiante relève de parcours très diversifiés : des étudiants sont en reprise d’étude, viennent d’autres formations, travaillent, viennent d’arriver au Québec, etc. L’objectif est d’accompagner l’ensemble des individus de cette communauté́ tout au long de leur parcours collégial et universitaire. Pour consolider cet accompagnement et ainsi favoriser la persévérance étudiante, il est nécessaire que l’ensemble des acteurs ayant un rôle dans cet accompagnement (les enseignants, mais aussi les conseillers pédagogiques, etc.) soient recrutés en plus grand nombre et formés aux besoins de cette communauté́ hétérogène. Qu’ils soient au fait des enjeux de l’enseignement supérieur d’aujourd’hui et des moyens disponibles pour y répondre.
Regard de l’Open Lab :
Pour répondre au mieux à l’hétérogénéité des étudiants, le rapport préconise un nécessaire renforcement en nombre des personnels chargés de l’accompagnement (volet recrutement) ainsi qu’une montée en expertise (volet formation) pour remplir au mieux ces missions. En outre, le rapport insiste sur l'idée d'accompagner les étudiants tout au long de leur parcours (et pas seulement lors de l'intégration), là où les deux premiers axes s’intéressaient surtout au contexte d'entrée à l'université́, ce troisième s'inscrit sur le temps long.
5. Quatrième axe : la consolidation et le transfert de connaissances sur la réussite étudiante
Pour augmenter la réussite étudiante, le ministère souligne l’importance de produire, analyser et diffuser des données sur le sujet. Les données ministérielles sur la réussite en enseignement supérieur doivent être saisies par les établissements pour présenter des objectifs d’accroissement de la réussite sur les cinq années à venir. Ces établissements ont également pour rôle d’évaluer l’effet de leurs pratiques sur la réussite. De plus, ils envisagent de développer des solutions technologiques pour analyser en temps réel la réussite d’un étudiant pour apporter un soutien approprié à ceux qui rencontrent des difficultés. Enfin, les travaux de recherches sur ce concept de réussite dans l’enseignement supérieur doivent se poursuivre pour en apprendre plus et l’optimiser.
Regard de l’Open Lab :
Cet axe justifie en soi l’existence de l’Open Lab. La transformation pédagogique au service de la réussite du plus grand nombre s’accompagne de la production, l’analyse et la diffusion d’enquêtes susceptibles d’éclairer la communauté́ enseignante et les décideurs afin de s’appuyer sur des données objectivées et partageables.
6. L’évaluation de l’évolution de la réussite
Le ministère prévoit d’évaluer l’évolution de la réussite dans l’enseignement supérieur, suite à la mise en place de ces différentes mesures, grâce à cinq indicateurs : le taux d’accès aux études, le taux de passage entre les ordres, le taux de réussite des cours suivis au premier semestre, le taux de persévérance au bout d’un an et le taux d’étudiants diplômés.
Regard de l’Open Lab :
À l’université de Bordeaux, la question des indicateurs de la réussite étudiante est au cœur des réflexions. La proposition du Plan d’Action autour des cinq indicateurs est intéressante mais nous semble faire débat dans la mesure où elle restreint la question de la réussite à la seule diplomation (ce qui est contraire à la définition donnée plus haut). À discuter !
Conclusion
En conclusion, ce plan d’action propose d’accompagner l’étudiant tout au long de son parcours pour l’aider à réussir. Cela débute en lui permettant d’accéder plus facilement à l’enseignement supérieur quel que soit son profil. Mais également en l’encadrant lors de son arrivée dans un nouvel environnement et en l’accompagnant continuellement pour l’aider à persévérer dans son projet universitaire et professionnel. Ces mesures doivent être analysées et diffusées pour optimiser les objectifs de taux de réussite dans l’enseignement supérieur.
Notons pour finir que tout au long de ce rapport, l’accent est mis sur l’idée de « supporter » (au sens de soutenir) des projets, il existe déjà des dispositifs, des actions qui favorisent la réussite étudiante, ce plan d’action vise, notamment, à soutenir et à développer l’existant.
Notes
- 1. Conseil supérieur de l’éducation, Rapport sur l’état et les besoins de l’éducation 2008-2010 : conjuguer équité́ et performance en éducation, un défi de société, Québec, Gouvernement du Québec, 2010, p. 61.
Références
- Conseil supérieur de l’éducation (2010). Rapport sur l’état et les besoins de l’éducation 2008-2010 : conjuguer équité́ et performance en éducation, un défi de société, Québec, Gouvernement du Québec, 185 p.
- Coulon, A. (2005). Le métier d’étudiant : l’entrée dans la vie universitaire, Paris : Economica, 233 p.
- Ministère de l’enseignement supérieur du Québec (2021). Plan d’action pour la réussite en enseignement supérieur 2021-2026, 86 p., accessible à l’adresse https://www.
Résumé
Cet article propose un résumé synthétique du Plan d’Action pour la Réussite en Enseignement Supérieur, présenté en 2021 au Québec, par le gouvernement. Face au constat d’une réussite étudiante plus faible au Québec par rapport au reste du Canada, malgré un plus grand nombre d’étudiants à l’université, ce plan d’action propose un ensemble de mesures, organisées en quatre axes, pour augmenter cette réussite, dont la définition dépasse la simple obtention d’un diplôme. En agissant à la fois sur l’accessibilité des formations, l’intégration des étudiants dans leur environnement et l’accompagnement tout au long de la formation, le gouvernement aspire à une augmentation du taux de réussite des étudiants québécois. L’accent est également mis sur l’analyse de ces mises en place pour diffuser sur leurs effets et permettre de chiffrer, grâce à des indicateurs, la réelle augmentation du taux de réussite.
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