Un nouveau projet de thèse à l'UB en pédagogie de l'enseignement supérieur : une analyse du discours professoral en licence par Maëlle Tourneur
Publié le 2023-04-07Maëlle Tourneur, doctorante en Sciences de l'Education et de la Formation depuis septembre 2022, commence une thèse obtenue sous contrat doctoral intitulée « Mise en scène et mise en forme des cours à l’Université : analyse pédagogique et didactique du discours professoral dans les enseignements de licence » sous la direction du Professeur Christophe Roiné (laboratoire CeDS - EA 7440).
Voici son projet de thèse :
A l’Université de Bordeaux, la réussite est une préoccupation majeure, comme en témoigne le programme NewDeal qui a pour objectif « d’améliorer la réussite en premier cycle ». En effet, le taux de réussite en licence s’élève à seulement 43,6 % pour la session 2020[1].
Si de nombreuses recherches se sont attachées à la question de la réussite à l’Université, seulement quelques travaux commencent à s’intéresser au rôle que jouent les pratiques pédagogiques enseignantes dans la réussite estudiantine (Duguet, 2015 ; Barry, 2018). Cependant, à l’heure où la formation à la pédagogie des nouveaux maîtres de conférences est obligatoire, avec notamment un module qui vise à apprendre à « utiliser sa voix et son corps pour enseigner » (Université de Bordeaux, 2019), il apparait nécessaire d’interroger, dans le prolongement des travaux de Christophe Roiné, le rôle du corps et de la voix de l’enseignant dans les situations d’enseignement à l’Université (Roiné, 2018).
L’originalité de notre projet est donc de proposer une analyse des prises de paroles professorales lors des enseignements de licence, c’est-à-dire à la fois la façon dont les enseignants mettent en scène leurs propos ainsi que la forme de leur discours, afin d’en évaluer les effets sur la réussite des étudiants. La mise en scène du cours correspond à la déclamation des propos, l’attitude corporelle de l’enseignant ainsi que l’utilisation d’accessoires. La forme du discours concerne les procédés rhétoriques mobilisés par l’enseignant, consciemment ou non, comme la structuration des idées, les figures de style récurrentes et les procédés illustratifs.
Ce travail a pour hypothèse centrale que la variabilité des mises en forme et mises en scène des discours enseignants, engendre une variabilité des effets didactiques (en lien avec les apprentissages) et pédagogiques (en lien avec l’attention, l’intérêt ou la motivation) chez les étudiants. Nous postulons également que ces effets se manifestent durant l’intégralité du temps de l’étude, comprenant le moment du cours, la prise de notes ainsi que le travail universitaire effectué en dehors des temps d’enseignement.
Il s’agira, dans un premier temps, d’analyser ces discours professoraux, afin de rendre compte de leur diversité et de créer, sous forme de typologie, des styles de paroles pédagogiques. Pour cela, nous mènerons des observations en licence 3, au sein de cours de 45 enseignants, puis réaliserons des entretiens auprès de chacun d’eux. Dans un second temps, il s’agira d’analyser les effets pédagogiques et didactiques propres à chaque style. Pour cela, nous complèterons nos analyses avec des entretiens et des questionnaires à destination des étudiants.
Mais ces effets sont-ils influencés par le type de discipline enseignée ? Ou par le mode d’organisation des formations ? Et qu’en est-il des différents formats de cours ? Nous complétons notre hypothèse principale en postulant que certains effets se manifestent dans l’enseignement indépendamment de la discipline tandis que d’autres sont liés à la structuration épistémologique des disciplines et/ou au format de cours.
Ainsi, ce travail se centrera sur quatre formats de cours (CM, TD, TP et cours en ligne asynchrones) au sein de sept disciplines universitaires : sociologie, mathématiques, informatique, droit, médecine, anglais et sciences de la vie.
Cette thèse a pour enjeu de questionner l’usage du principal outil de travail des enseignants : leur prise de parole et ses effets sur l’étude et la réussite. Ce travail permettra ainsi de contribuer à la compréhension du processus complexe de la diffusion des savoirs et des connaissances à l’Université.
[1] Réussite à la licence en trois ou quatre ans des bacheliers 2016 inscrits en L1 à la rentrée 2016 (Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, 2021).
Bibliographie :
Barry, A. (2018), Manières d’enseigner et manières d’apprendre. Une étude des phénomènes de sensibilité au contrat didactique chez des étudiants de Licence 3. Une contribution à la pédagogie universitaire dans les Sciences Humaines et Sociales, Thèse de doctorat en Sciences de l’Education, Université de Bordeaux, URL : http://www.theses.fr/2018BORD0301
Duguet, A. (2015), Les pratiques pédagogiques à l’université en France : quels effets sur la réussite en première année ? Le cas du cours magistral, Recherche et formation, no. 79, pp.9-26
Roiné C. (2018), Corps, corpus et pouvoir du point : faire vivre la lettre en pédagogie universitaire., Présences du corps dans l’enseignement et la formation. Approches cliniques, L’Harmattan, pp.109-123
Roiné, C. (2020), Analyse des labellisations en éducation, contribution à l’étude des discours et des dispositifs contemporains en éducation, Note de synthèse pour l’habilitation à diriger des recherches, Université de Bordeaux, vol 1, 187 p.
Université de Bordeaux. (2019, 7 juin). Journée "Formation règlementaire des Maîtres de conférences stagiaires / Quel bilan ? Quelles perspectives ?" / Ouverture. [Vidéo]. Canal-U. https://www.canal-u.tv/103373.